Association française des masseurs-kinésithérapeutes pour la recherche et le traitement des atteintes lympho-veineuses

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Congrès 27 novembre 2018 PARIS

8 Fév 2016 | Les Congrès

Compte rendu du congrès

Avec un titre tel que « Validations – Innovations – Originalité », il fallait s’attendre à des communications de mise au point et la présentation de sujets inattendus et originaux. Ce fut le cas pour les 170 participants à cette journée du 27 novembre  2018 à l’Espace Saint Martin à Paris.

Nicolas Pinsault (Grenoble) a présenté une communication intitulée « Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles ». Cette présentation est revenue sur l’origine du créateur de l’expression Emil Vodder. Il a été rappelé que ce danois n’était pas un scientifique et qu’il imagina une technique de massage spécifique du système lymphatique à la suite d’une révélation. Une de ses premières publications fut réalisée dans un magazine de santé et d’esthétique. Traitant des patients sur la côte d’Azur, il déduit du soin d’un patient souffrant de sinusite les bases de cette méthode. Dès le départ, il y a donc confusion entre sinusite infections des sinus (cavités osseuses) et œdème superficiel du visage qui peut accompagner cette pathologie.

Nicolas Pinsault

Ensuite, Nicolas Pinsault décortique cette généralisation hâtive de cette observation unique que l’on retrouve dans bien d’autres thérapie manuelles. Il oppose les techniques basées sur les faits et les techniques des médecines alternatives. Dans ces dernières, l’utilisation d’un vocabulaire spécifique enveloppe des éléments de pseudo science pour faire briller des techniques sans fondements. La signature de Vodder dans ses articles est édifiantes sur ce point.« Prof. Vodder, de l’Institut d’hygiène de Copenhague, Docteur ès lettres ». Professeur de quoi ? le titre de Docteur peut abuser car il s’agit d’un doctorat de lettre. De la même manière on peut se présenter en tant que Professeur et être professeur de gymnastique et non de médecine. L’analyse critique de la carrière de Vodder met en fait en évidence une sorte charlatanisme qui a néanmoins permis au Drainage Lymphatique Manuel de venir jusqu’à nous. On remarque que les lettres de noblesse qui furent données à cette technique, sont le fait de ses lointains successeurs. Sa technique dite originelle (dont certains se réclament encore) a été complètement modifiée pour devenir ce qu’elle est une technique utile mais non exclusive dans le traitement des œdèmes.

Serge Theys (Belgique) avec son humour habituel a présenté « Drainage manuel ou Drainage Lymphatique Manuel : une histoire dans l’Histoire ». A y regarder de près, on trouve dans les articles kinésithérapiques deux sigles très proches le DM et le DLM. Si DLM (drainage lymphatique manuel) est utilisé le plus fréquemment même pour parler par habitude du DM (Drainage manuel), ces 2 sigles s’avèrent très différents de nos jours. En revisitant l’histoire de la description du DLM par Vodder dans le contexte de l’Histoire, il apparaît que beaucoup de personnes ou personnages sont intervenus dans l’élaboration de ce vocable

Serge met d’entrée les choses au clair : Vodder n’est pas l’inventeur de « sa » technique. Il a utilisé bien des éléments issus d’auteurs préalables dont Winiwarter à la fin du 19èmesiécle. Sa technique s’inscrit dans une conception philosophique en lien avec les théories naturopathiques et philosophiques. Il se sert abondamment des connaissances de son épouse Estrid dont le nom ne restera pas accroché à l’acronyme DLM. Serge Theys précise la séparation en deux courants très différents des pratiquants de cette technique. Il y a ceux qui l’utilisent dans une conception de soins de confort et ceux qui s’en servent pour le traitement des œdèmes. Deux mondes différents séparés par la croyance d’un côté et la démonstration par les preuves de l’autre. Les kinésithérapeutes se servent du Drainage manuel et font partie du deuxième groupe.

 

Pierre Henri Ganchou et Jean-Claude Ferrandez présentent une communication à 2 voix (questions et réponses). En se basant sur ce qui est appelé en anglais Evidence Based Practice (EBP) soit la démonstration basée sur les faits, ils dépoussièrent si le besoin l’est encore ce que l’on dit du Drainage Manuel et ce qu’il faut retenir de son efficacité. Ainsi, nous ne possédons pas de preuve que le massage des nœuds lymphatiques (ganglions) soit utile pour décongestionner un œdème. Il est rappelé que le massage abdominal en vue de stimuler la Citerne de Pecquet est une manœuvre illusoire pour au moins 2 raisons compte tenu de sa présence rarissime chez l’homme et du fait que pour y accéder il faut appuyer fortement, bloquant ainsi le retour veineux.

Pierre Henri Ganchou modérateur de session

Il est rappelé le faible intérêt de la respiration sur l’augmentation du débit du canal thoracique. Un rappel de l’absence d’effets vasculaire des manœuvres réalisées à distance est redit ainsi que la nécessité de devoir utiliser des pressions fortes de massage en cas d’œdème dur. Pierre Henri Ganchou s’interroge sur les raisons qui font que peu de praticiens prennent en compte toutes ces remarques.

 

Catherine Grosjean (Besançon) a soulevé le problème de l’efficacité ou non de traiter l’œdème du genou par Drainage Manuel après une prothèse du genou. Elle a repris les 2 articles retrouvés dans la bibliographie qui traitent de ce sujet. Si les 2 concluent à son non intérêt, elle souligne l’existence de plusieurs biais dans ces études. Notamment le fait que sont confondus œdèmes du genou et hydarthrose. Si le Drainage Manuel est efficace sur l’œdème superficiel, il est connu pour ne pas être indiqué pour le traitement des œdèmes intra articulaires dont le drainage physiologique se réalise par voie profonde

C’est en concluant trop rapidement que la lecture rapide de ces articles, pourrait faire croire à une inefficacité de traiter les œdèmes du genou. D’autre part les techniques de massage utilisées passent beaucoup de temps à traiter à distance et à utiliser des manœuvres douces.

Catherine Grosjean

 

 

 

 

Dominique Meyer (Strasbourg) nous a fait part de son expérience de kinésithérapeute intégrée dans une équipe médico chirurgicale dans une clinique. Elle nous a décrit la superbe entente qui existe entre les différents acteurs qui prennent en charge une patiente opérée pour un cancer du sein. Avec un circuit bien huilé, chaque praticien complète une prise en charge parfaite de ces femmes.

Dominique Meyer

Le Docteur Claude Boiron (Poitiers) a présenté les raisons d’organiser des séjours « après cancer ». Elle nous a fait partager tout l’intérêt de ces temps où un groupe de femmes se retrouvent à des distances variables de leur traitement pour parler, échanger, marcher. Entourées de différents praticiens (comédiens, professeur de yoga, masseurs bien être,…), elles pratiquent différents ateliers. Ces séjours de l’ordre de la semaine se déroulent à différents endroits. Ils sont source de reconstruction et de nouveau départ.

Le professeur Loic Vaillant (CHU de Tours) a présenté les intérêts et indications de l’hospitalisation des lymphœdèmes.

Pr L Vaillant

Il a bien mis en évidence son rôle dans la prise en charge des lymphœdèmes éléphantiasiques ou résistants à un traitement ambulatoire. Ce traitement hospitalier s’adresse aussi aux patients porteurs de pathologies associées.

 

 

 

 

 

 

Véronique Bassang (Suisse) a présenté le rôle de l’utilisation d’une compression thoracique dans les suites des mastectomies. Elle permet une réduction de l’œdème et des ecchymoses de la paroi.

 

Véronique Bassang

 

Jean-Claude Ferrandez (Avignon) a présenté les résultats d’un étude pilote sur les pressions observées sous auto bandages. Réalisée sur des sujets sains, la mise en place du Bandage Thonic présente le plus de pression lors de la supination. C’est également dans la prono supination que les pressions varient le plus. Ce mouvement sera certainement à conseiller aux patientes si les mêmes résultats sont retrouvés sur le lymphœdèmes.

Jean-Claude Ferrandez

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-jacques  Miel (Paris) a témoigné avec une grande humanité de l’utilisation du Drainage manuel sous sa forme actuelle dans les unités de soins palliatifs. Il apporte antalgie, confort et douceur en plus de l’efficacité vasculaire.

 

 

 

 

 

 

Elodie Sempéré (La Réunion)a présenté une étude pilote comparant l’effet de la pressothérapie pneumatique des lymphœdèmes avec et sans l’adjonction de Mobiderm sous les éléments de massage pneumatique. Les résultats sont encourageants et méritent d’autres travaux.

Elodie Sempéré

Une vidéo a présenté de nombreuses adaptations des bandages de décongestion avec des montages inhabituels : bandages cohésifs, adhésifs, multicouches de toutes sortes. Le pouvoir restant à l’imagination.

Eve Vernhet (Nimes) a présenté son « café des connaissances lymphologiques ». Il s’agit d’une véritable démonstration d’éducation thérapeutique sous la forme de rencontre collective avec des patientes autour d’un café. Expérience à reproduire partout.

Eve Vernhet

Agnès Bourassin (Evry) a retracé tous les avantages de l’existence d’une association de praticiens spécialisés autour du thème des pathologies veino lymphatiques.

Agnès Bourassin

Recevoir des informations via un bulletin, soirées scientfiques, congrès, site internet, congrès.

La journée fut clôturée par J. Vaillant (INK Paris) sur la kinésithérapie de demain que nous pouvons résumer par « s’engager dans l’EBP (Evidence Based Practice) c’est avant tout accepter l’idée que ce que l’on fait aujourd’hui diffère de ce que l’on faisait hier, et n’est pas nécessairement ce que l’on fera demain »

Jacques Vaillant

 

 

 

A lire avec intensité: Tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir sur les thérapies manuelles

L’ouvrage de Nicolas Pinsault etRichard Monvoisin est publié aux Presses Universitaires de Grenoble (PUG, commande à partir du lien https://www.pug.fr/produit/1160/9782706121111/tout-ce-que-vous-n-avez-jamais-voulu-savoir-sur-les-therapies-manuelles).

 

 

 

Le dernier congrès décentralisé a eu lieu à l’IFMK de Grenoble le10 mars 2018

Lire le compte rendu ci dessous

L’Institut nationale de la kinésithérapie a organisé avec la caution scientifique de de l’Association française des masseurs-kinésithérapeutes pour la recherche et le traitement des atteintes lympho-veineuses (AKTL) une journée le 10 mars à Grenoble, sur le thème « Veines et lymphatiques ». Un moment convivial et riche en échanges qui a permis d’aborder des sujets extrêmement variés.

 

Chirurgie et rééducation du cancer du sein

 

Lymphoedème et chirurgie du cancer du sein

Dr Anne-Cécile Philippe*

 

*CHU Grenoble

 

Depuis ses débuts en 1891, la chirurgie du cancer du sein a évidemment beaucoup évolué. L’objectif du chirurgien est d’une part de réaliser une chirurgie in sanopour contrôler la maladie, d’autre part de limiter au maximum les inconvénients d’ordre esthétique.

On pratique de plus en plus d’oncoplasties et dans cette perspective, on veille à préserver au maximum l’étui cutané, l’aréole et le mamelon si c’est possible. Sauf cas exceptionnel, c’est ce qui doit devenir la norme, à terme.

La chirurgie de l’aisselle a également beaucoup évolué, avec le développement de la technique du ganglion sentinelle (on ôte 1 à 3 ganglions au lieu de 10 à 15 en cas de curage axillaire), qui s’avère pertinente pour environ 70 % des patientes.

On opère de plus en plus en ambulatoire, ce qui s’avère plus confortable pour la patiente, à condition qu’elle ne soit pas isolée. D’où l’importance d’une bonne communication et coordination avec les professionnels de ville.

 

Les suites de chirurgie

La plupart des patientes opérées éprouvent des gênes pendant quelques semaines : raideur, perte de mobilité, œdème au niveau du sein ou du thorax, cicatrice, syndrome des  cordes axillaires (thromboses lymphatiques superficielles)…

Le diagnostic de lymphoedème intervient généralement dans les 2 ans qui suivent l’intervention. Mais il arrive qu’il survienne 10 ans plus tard, aussi faut-il rester vigilant. Parfois, tout le bras est touché. Parfois seulement la main. La peau n’a pas toujours la même apparence. Les signes qui doivent alerter sont la sensation de lourdeur au niveau du membre

Dans tous les cas, il est important de vérifier qu’il ne s’agit pas d’une récidive du cancer. Le lymphoedème n’est pas douloureux. En cas de douleurs, il faut se diriger un autre diagnostic. Certaines douleurs sont de l’ordre d’une neuropathie.

Tout ceci a bien sûr un impact sur la qualité de vie de la patiente,

Les facteurs de risque d’apparition d’un lymphoedème sont mieux cernés actuellement. Il s’agit principalement du nombre de ganglions prélevés et de l’association d’une radiothérapie spécifique. Le surpoids est un facteur aggravant du risque de lymphoedème comme la faible activité physique.

 

 

 

Rôle de la compression en post-opératoire

Véronique Bassang*

 

*Hôpital Riviera-Chablais, Suisse.

 

Depuis 2012, ce service qui voit passer une cinquantaine de patientes par an pour une chirurgie d’un cancer du sein propose à la plupart d’entre elles une compression par bandage immédiatement après l’intervention. Une technique peu documentée à ce jour, qui a pour objectif de prévenir l’apparition d’un œdème.

Sans cela, les complications (écoulements sanguins et lymphatiques) étaient fréquentes. Cette technique présente l’avantage de ne nécessiter aucun matériel coûteux ou difficile à trouver, et d’être adaptable à tous types de morphologies.

Le kinésithérapeute effectue le bandage dans les 4 h qui suivent l’intervention. Une personne suffit, mais cela peut être judicieux de le faire à 2, pour le confort de la patiente, qui est parfois nauséeuse à ce moment-là ou pour limiter ses appréhensions.

Le kinésithérapeute revient à J1, effectue un DLM si besoin et refait le bandage. En tout, celui-ci reste en place 48 h.

On recherche 3 choses : un effet de compression, un effet de pompage et la prévention du lymphoedème.

L’hôpital prévoit de mettre en place une étude prospective pour essayer de valider les bénéfices de cette technique, qui est très appréciée des patientes.

 

Résultats d’un essai clinique sur différents types de bandages du lymphoedème

Maria Torres-Lacomba*

 

*Kinésithérapeute à Madrid, Espagne.

 

L’objectif de cette étude menée dans un hôpital madrilène était de comparer l’effet de différents types de bandages de décongestion sur la réduction du volume du lymphoedème secondaire du membre supérieur.

L’équipe a constitué un échantillon de 132 femmes atteintes d’un cancer du sein unilatéral et d’un lymphoedème unilatéral de stade II (selon Brunner), à plus de 3 mois post-radiothérapie ou chirurgie.

Il s’agissait d’un essai clinique randomisé en simple aveugle

Les patientes incluses devaient avoir eu un cancer uni latéral et avoir signé un consentement éclairé.

Elles ont été réparties en 5 groupes, selon le type de bandage qui leur était proposé : multicouche traditionnel, multicouche simplifié, cohésif, adhésif et K-taping, qui est très à la mode en Espagne.

L’équipe a mesuré 2 choses : leur tour de bras, pour calculer le volume du lymphoedème, mais aussi le confort du bandage (grâce à l’EVA), car l’observance du traitement est cruciale donc cela ne servirait à rien de proposer un bandage efficace à une patiente s’il y a de fortes chances qu’elle ne le porte pas parce qu’il la dérange.

Ces mesures ont été réalisées avant chaque séance de kinésithérapie et avant le moment où la patiente peut porter un manchon. L’étude a duré 3 semaines, à raison de 5 séances de kinésithérapie hebdomadaires pendant 15 jours puis 3 séances la dernière semaine.

 

Protocole de kinésithérapie

En phase d’attaque :

– pressothérapie pneumatique 40 mmHg pendant 30 minutes ;

– drainage manuel adapté pendant 30 minutes ;

– réalisation du bandage ;

– exercices sous bandage.

Pendant les séances, le kinésithérapeute en profite pour enseigner à la patiente des notions d’anatomie, de physiologie et de physiopathologie. Il lui parle des facteurs de risques du lymphoedème et des moyens de prévenir son apparition ou son aggravation.

 

Résultats

En termes de confort, la K-taping est le plus apprécié par les patientes, et le bandage multicouches traditionnel le plus difficile à supporter.

Malheureusement, le K-taping s’est révélé quasiment inefficace avec une diminution de 5%, ainsi que le bandage adhésif. Les bandages multicouches  simplifiés sont les plus efficaces avec une diminution de 54%.

 

 

Kinésithérapie des cicatrices après cancer du sein

Nadine Varaud*

 

*Kinésithérapeute à Nîmes.

 

Après une chirurgie de cancer du sein, une cicatrice peut présenter 4 types d’anomalies :

– une fibrose

– une rétractation

– des adhérences

– une hypertrophie

De plus, la radiothérapie qu’effectuent bon nombre de patientes après leur chirurgie contribue à « figer » la situation cicatricielle.

En cas de reconstruction mammaire, on observe parfois la formation d’une coque périprothétique.

Le traitement kinésithérapique des cicatrices permet à la fois d’obtenir un résultat fonctionnel (la patiente retrouve une certaine liberté de mouvement), un résultat esthétique, et d’éviter les complications.

 

Le protocole

1 séance par semaine, après la chirurgie, avant et après la reconstruction jusqu’à ce que la cicatrice ait disparu.

Il faut savoir qu’il n’est jamais trop tard pour intervenir sur une cicatrice. Ce traitement peut être proposé sans limite dans le temps, y compris 20 ou 30 ans après la chirurgie.

 

A retenir

Selon le type de cicatrice, certaines techniques de kinésithérapie sont tout-à-fait contrindiquées et s’avèreraient délétères. Il est donc essentiel de réaliser un bilan en bonne et due forme avant d’agir.

 

Cicatrice rétractile

Le problème survient lorsque le fibroblaste se différencie en « cellules musculaires bis », dont le rôle est de fermer la plaie, de façon excessive.

Sur ce type de cicatrice, il ne faut surtout pas effectuer un pétrissage – mouvement auquel tout le monde pense spontanément. Cela aggraverait la situation. Il faut au contraire réaliser des étirements orthodynamiques, et les montrer à la patiente pour qu’elle puisse en faire chez elle entre 2 séances.

 

Cicatrice fibrosée

Là, le pétrissage est recommandé, en veillant toutefois à être très précis sur la zone traitée.

 

En cas d’adhérences

Les adhérences entraînent un manque de mobilité, y compris dans les plans profonds. La technique idéale pour les améliorer est le palper-rouler. Il s’agit de soulever la cicatrice, à la main ou à l’aide d’une ventouse – de petite taille, surtout si la peau a été irradiée.

 

Coque cicatricielle

Une cicatrice hypertrophique est une cicatrice très (trop) vascularisée. Le processus cicatriciel continue au lieu de s’arrêter naturellement (le fibroblaste devrait déclencher sa mort), donc la cicatrice s’élargit. Sur ce type de cicatrices, un pétrissage ferait de gros dégâts. Les crèmes à l’acide hyaluronique sont fortement déconseillées également.

La cicatrisation doit être lente et progressive, et non la plus rapide possible comme le souhaiteraient les chirurgiens ou les infirmiers.

On traite une cicatrice hypertrophique avec un pansement compressif qui va l’étirer en longueur et des étirements manuels, de façon à la restructurer de façon longitudinale.

 

 

Lymphoedème et éducation thérapeutique

Cécile Richaud*

 

*Kinésithérapeute à Grenoble.

 

Dans « rééducation », il faut lire « ré-éducation ». La patiente doit être actrice de sa santé. Le kinésithérapeute est là pour lui en donner les moyens.

L’objectif principal est de la rendre autonome. Cela ne va pas de soi : c’est un exercice particulier auquel il faut se former. Il faut être capable de proposer un discours adapté à chaque patiente, personnalisé, intégré aux soins. L’éducation thérapeutique fait partie intégrante d’une démarche qualité.

Dans ce cadre, le patient n’est pas passif mais en situation d’apprenantil doit corriger et adapter ses attitudes. Améliorer son état d santé c’est améliorer sa vie

La réussite de l’ETP est liée à différents facteurs :

– la compréhension et la perception du patient

– sa représentation de la maladie

Il faut décortiquer tous ces éléments, ce qui prend du temps, de façon à parvenir à un diagnostic éducatif partagé. Celui-ci est révisable et amené à évoluer au fil du temps.

A partir des données recueillies, le kinésithérapeute et la patiente fixeront des objectifs précis. De quoi a-t-elle envie ? Il est essentiel de le savoir. L’ETP est une démarche centrée sur la patiente.

 

Un travail de réappropriation de l’image de soi

Certaines patientes refusent de se regarder dans la glace, et ce n’est pas seulement une problématique d’ordre psychologique. Elles ne récupèreront pas une mobilité complète si elles ne font pas des exercices chez elles consistant à s’examiner (directement ou dans la glace), faire des compressions, apprendre à repérer les éventuels lymphocèles…

 

Une consultation de contentiologie

Le CHU de Grenoble a ouvert cette consultation qui a plusieurs objectifs :

– apprendre aux patientes les autobandages ;

– les motiver, car l’observance est cruciale ;

– leur enseigner des techniques de bandage simplifiées, qu’elles pourront facilement reproduire chez elles ;

– leur expliquer qu’elles ne peuvent pas récupérer les bandages de quelqu’un d’autre

– leur faire comprendre que l’apparition ou l’augmentation d’un lymphoedème est fonction de la fréquence du port d’une contention ;

– leur apprendre à se surveiller ;

– leur apprendre à tester la tonicité de leur peau avant d’interrompre une contention, etc.

 

Ayez à l’esprit que tous les patients sont capables d’apprendre.

Formulez des conseils positifs plutôt que des interdictions. Par exemple : « Si vous vous coupez, voilà ce qu’il faut faire » plutôt que « surtout ne vous coupez pas ! Les conséquences peuvent être dramatiques ».

 

 

Microcirculation et œdème

Dr Christophe Seinturier*

 

*Unité fonctionnelle d’explorations vasculaires. Clinique universitaire de médecine vasculaire (Pr Carpentier), CHU Grenoble Alpes.

 

 

S’il existe un seul système d’apport pour nos tissus, le système artériel, il existe deux systèmes qui participent au retour des liquides : le système veineux et le système lymphatique.

 

Le système lymphatique joue un rôle crucial : il assure une partie de l’absorption du liquide interstitiel. Il se charge de la résorption des grosses molécules (protéines) et de la ré-injection dans le milieu vasculaire des éléments figurés. Il participe ainsi à l’homéostasie du corps. Transitent également dans ce système de transport les cellules mortes, les cellules cancéreuses et les cellules responsables des réactions de défense.

En France 20 à 30 % de la population a des problèmes veineux (par exemple des varices) et environ 4 millions de personnes ont des troubles trophiques.

 

Physiopathologie de l’œdème d’origine veineuse

Il existe 2 types de facteurs :

– des facteurs hémodynamiques : syndrome d’hyperpression veineuse

Ils sont liés à 2 mécanismes principaux :

1) le reflux par incontinence des valvules veineuses : insuffisance veineuse primitive par valvules inadaptées et non fonctionnelles (varices saphènes, dysgénésies valvulaires profondes) ; syndrome post-thrombotique avec altération valvulaire ; incontinence des veines perforantes distales et dysfonctions de la pompe musculaire du mollet.

2) présence d’un obstacle, soit post-phlébitique, soit à cause du syndrome de Cockett (compression de la veine iliaque gauche), soit à cause du soléaire (la veine poplitée est piégée par son arcade).

– des facteurs pariétaux : excès de compliance de la paroi veineuse

Rôle des œstrogènes (grossesse > 2 enfants)

Fibrose liée au vieillissement

Facteurs constitutionnels (mal connus).

 

On parle d’hyperpression veineuse quand le drainage veineux est diminuée ce qui entraine une augmentation de la pression veineuse.

Cette hyperpression veineuse lorsqu’elle persiste, peut déclencher différentes variations morphologiques :

– élongation, tortuosités, dilatations capillaires, circonvolutions pseudo glomérulaires ;

– épaississement des membranes basales avec augmentation des fibres élastiques et du collagène ;

– élargissement des espaces inter-endothéliaux ;

– micro-œdème péri-capillaire.

Les fluides et les macromolécules s’accumulent dans le liquide interstitiel. Ainsi, c’est la définition de l’oedème

 

Physiopathologie de l’odème lié à une insuffisance lymphatique

Il s’agit d’une incapacité du système lymphatique à absorber le liquide interstitiel. Cette insuffisance apparaît lors d’une mauvaise lymphogénèse (lymphoedèmes primitifs) ou lorsqu’un système bien développé est l’objet d’un évidemment ganglionnaire (curage axillaire par exemple) ou d’une altération secondaire à une infection ou une radiotérapie.

Dans ces conditions, la diminution du débit lymphatique ne permet plus une résorption suffisante des protéines hydrophiles. Il apparaît une augmentation de la pression tissulaire et une augmentation de la pression oncotique tissulaire, qui conduisent à une fibrose.

 

Conclusion

On peut retenir qu’en cas d’apparition de la première « goute » d’œdème,  quel qu’en soit l’étiologie, le système lymphatique tente d’augmenter son débit pour palier à l’inondation des tissus. Son débit maximal étant limité, lorsqu’il est dépassé, l’œdème s’exagère et s’insatlle. Dans tout œdème il y a une participation lymphatique mais tous les oedèmes ne sont pas des lymphoedèmes.

 

 

 

Les malformations veineuses

Dr Olivia Boccara*

 

*Service de dermatologie, hôpital Necker, Paris.

 

Les maladies vasculaires congénitales évoluent lentement. Elles entraînent progressivement une gêne esthétique et/ou des douleurs. Elles touchent parfois les extrémités (des zones très vascularisées donc « tout gonfle »), un membre, voire une articulation, ce qui a généralement un retentissement fonctionnel très problématique pour le patient.

 

Conséquences des malformations veineuses

Présentes chez l’enfant, les malformations veineuses impliquent une gêne. Mais au premier plan c’est la douleur, qui le conduit à développer des attitudes antalgiques et protectrices vicieuses : rétractation du tendon d’Achille, flessum irréductible (au coude ou au genou), etc.

Dans ses malformations , se forme un lac veineux où le sang stagne, puis des caillots de thrombine et fibrine. Cela déclenche une inflammation, et donc une douleur permanente.

Cela entraîne aussi une coagulopathie par consommation excessive des facteurs de la coagulation qui parfois, en sus, engendre des saignements, ce qui peut sembler paradoxal. Cela se produit généralement sur des zones comme les muqueuses, par exemple au niveau du système digestif.

 

Le taux de D-dimères est proportionnel à la taille et la profondeur de la lésion. C’est un marqueur biologique important.

La consommation intra-vasculaire localisée (CIVL) est plus sévère dans les malformations veineuses intramusculaires étendues.

 

Les risques

Quel est le risque d’embolie pulmonaire chez les enfants atteints de malformations veineuses ? C’est une question très souvent posée  mais c’est très rare, parce qu’il n’y a quasiment aucune communication entre le système veineux normal et le système veineux défectueux qui s’est mis en place. Aussi n’y a-t-il pas de « contagion » possible.

 

Les causes

On connaît de mieux en mieux les mutations génétiques à l’origine des malformations veineuses.

Sachant que les gênes mutés sont proches des gênes responsables des cancers du sein,  certains médicaments anti-cancer pourraient donc être détournés pour soigner les malformations veineuses.

 

Le traitement

Le traitement de fond est la compression. Mais cela ne fonctionne pas si la malformation est profonde. Dans ce cas, il vaut mieux miser sur les HBPM (héparines de bas poids moléculaire).

La chirurgie se révèle souvent décevante. La sclérothérapie également.

Il faut aussi contrôler la douleur, au moyen de paracétamol, d’anti-inflammatoires ou d’anticoagulants HBPM. C’est ce qui fonctionne le mieux.

De grands progrès ont été réalisés du côté des traitements médicamenteux, depuis quelques années. De plus en plus souvent, on a recours aux thérapies ciblées, avec notamment la rapamycine (immunosuppresseur)

Le drainage manuel peut s’avérer efficace, mais il n’est pas systématique. Il faut aviser au cas par cas.

 

 

Impact de la surcharge hydrique dans la physiopathologie des troubles respiratoires du sommeil : y-a-t-il une place pour la rééducation?

Jean-Christian Borel*

 

*Kinésithérapeute à Grenoble. HP2 Inserm U1042, La Tronche (38). Directeur scientifique du groupe Agiradom. Laboratoire EFCM-Sommeil, CHU de Grenoble.

 

 

Les symptômes des Syndromes des Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS)

Il existe des symptômes diurnes et nocturnes.

Symptômes diurnes : somnolence diurne non expliquée par d’autres facteurs (horaire, durée du  sommeil, PLM, insomnie, hypersomnie, narcolepsie, traitements…), fatigue, difficultés de concentration, plainte d’un sommeil non réparateur…

Symptômes nocturnes : ronflements sévères et quotidiens, sensation d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil, nycturie.

 

Critères polysomnographiques

Le diagnostic est posé au moyen d’une polysomnographie.

– SAOS léger : 5 < IAH < 15 événements par heure

– SAOS modéré : 15 < IAH < 30 événements par heure

– SAOS sévère : IAH ≥ 30 événements par heure

 

Les mécanismes du SAOS

1) Existence d’une prédisposition anatomique (rétroprognathie).

2) Augmentation de la pression tissulaire pharyngée.

3) Diminution du tonus musculaire pharyngé pendant le sommeil.

4) Contrôle ventilatoire.

L’apnée du sommeil est courante chez les personnes obèses, chez qui le gras s’infiltre partout et dont le pharynx est d’emblée moins large que chez une personne qui n’est pas en surpoids.

 

Le traitement

Le principal traitement est le port d’un masque à pression positive continue (PPC), ou d’une orthèse dentaire – c’est de plus en plus courant.

 

La théorie du « fluid-shift »

La rétention hydrique pourrait contribuer à la physiopathologie du SAOS.

Le Canadien Douglas Bradley a remarqué que le SAOS était beaucoup plus fréquent chez les personnes atteintes d’une insuffisance cardiaque ou d’hypertension. Toutes ces personnes ont un point commun : la rétention hydrique. On constate une accumulation de fluides dans les territoires interstitiels et vasculaires dans les membres inférieurs en position verticale, le jour, et la nuit une redistribution rostrale en position allongée, avec une répartition pelvis-thorax-cou.

Il s’est donc demandé si le fait de traiter les oedèmes des membres inférieurs pouvait avoir une influence sur le SAOS. Pour le savoir, il a fait porter des bas de compression (pression : 20 mm de mercure) à des patients pendant 1 semaine. Résultat : le SAOS a légèrement diminué. Son idée était donc juste, mais le traitement demeure insuffisant pour guérir le SAOS.

Il a donc étudié l’impact de l’activité physique sur le SAOS, en demandant à ses patients de faire 45 minutes de marche chaque jour pendant 1 semaine. Même résultat : le SAOS a légèrement diminué.

En associant les 2 (bas + marche), les résultats sont encore meilleurs.

Une étude randomisée contrôlée de l’Afreth (Association française pour la recherche thermale), a montré les bienfaits d’une cure thermale pour réduire la sévérité du SAOS associé à une insuffisance veineuse chronique. Malheureusement, elle a été interrompue, mais les premiers résultats laissent à penser que cela pourrait être efficace.

 

Conclusion

Le SAOS est lié à des mécanismes multifactoriels.

Des études réalisées sur de petits effectifs montrent que le port d’un masque de PPC est le meilleur moyen de se débarrasser d’une apnée du sommeil. Il faudrait en réaliser sur des cohortes plus importantes pour qu’elles soient vraiment significatives. Mais il existe de nombreux traitements complémentaires qui peuvent soulager les gens qui en souffrent, surtout lorsqu’il ne s’agit pas d’un cas trop sévère. La kinésithérapie réductrice d’œdème veineux pourrait en faire partie.

 

 

Rôle de la respiration dans le retour veineux

Pr Serge Theys*

 

*Clinique universitaire de Godinne, Belgique.

Dans tous les manuels de kinésithérapie, la respiration est décrite comme un des facteurs de la mécanique circulatoire veineuse. En toute logique, ce phénomène physiologique a servi de base à l’inclusion de certains exercices respiratoires afin d’améliorer la vidange veineuse des membres inférieurs. Selon le protocole, les exercices respiratoires sont assistés ou non, associés ou non à un massage abdominal ou un drainage postural.

 

La vélocimétrie Doppler, couplée ou non à l’imagerie échographique, enrichit nos connaissances dans le domaine. La respiration module, plus ou moins, le flux veineux fémoral selon le type respiratoire et la position du sujet. C’est un fait déjà décrit mais relativement peu explicité. Et pour cause. Aucune conclusion ne peut être tirée : une vitesse circulatoire n’est pas un débit ! Ainsi, l’intérêt de cette gymnastique reste loin d’être établi. L’analyse permet, seulement, de constater que l’amplitude des accélérations dépend plus de la durée des arrêts circulatoires que d’un « appel-succion ».

Pour pouvoir argumenter sur l’utilité d’une « gymnastique respiratoire », il faut mesurer les variations volumétriques instantanées au niveau du mollet, du cœurveineux. La simultanéité des mesures permet alors d’observer que les arrêts circulatoires produisent une retenue du volume sanguin sural et que l’audition d’un signal correspond à un simple rétablissement circulatoire. En d’autres mots, quand le Döppler est silencieux, le volume de stase augmente alors que quand le signal sonore réapparaît, le volume du membre revient au volume initial. La durée des blocages et la proclivité du membre font le reste : le mollet gonfle progressivement. Sur l’ensemble des modes respiratoires testés, seule une normopnée costale haute (ou scalénique), réalisée en décubitus, ne produit pas d’obstacle circulatoire et réduit, quelque peu, l’œdème de stase.

En conclusion, en dehors d’une motivation d’assistance respiratoire, l’utilisation d’une «gymnastique» respiratoire ne trouve pas une motivation de réduction de la stase veineuse ou d’amélioration de la vidange veineuse. Bref, on n’a encore rien trouvé de mieux que la pompe musculaire surale par flexion – active ou passive – dorsale de la cheville pour vidanger les veines des membres inférieurs !

 

 

Chaussettes de compression chez le sportif : le point sur les effets physiologiques… Du concept à la réalité

Dr Séverine Mutel*

 

*Médecin vasculaire à Lyon.

 

Principe d’action de la compression

La base du traitement médical par compression par un tissu élastique est lié au fait qu’une fois étiré et posé étiré sur un membre, il réalise une compression.

Elasticité + étirement = compression

C’est le fait d’exercer une pression au moyen d’une orthèse élastique en extension sur un segment de membre de manière active, au repos comme à l’effort.

La compression est soumise à 2 lois : la loi de Laplace (à force de traction égale, la pression exercée sur une surface courbe diminue quand le rayon de courbure augmente) et l’indice de rigidité du tissu (plus le tissu est rigide, plus l’effet hémodynamique de la compression à l’effort sera important).

 

Compression dégressive ou progressive ?

Compression dégressive utilisée en thérapie :

La pression est maximale au niveau des chevilles. Elle est dégressive du bas vers le haut. Elle respecte des normes précises (les 4 classes) et elle est documentée par un fort niveau de preuves scientifiques.

 

Compression progressive utilisée chez le sportif :

« Chez le sportif, la compression veineuse doit être spécifique, adaptée à la physiologie du sportif et donc différente de celle d’un insuffisant veineux. »

Elle permet de lutter contre l’hyper distensibilité veineuse de de favoriser la contraction longitudinale du mollet. La difficulté est qu’elle n’est pas soumise à une réglementation donc il n’existe pas de normalisation des pressions.

L’enfilage est facilité par l’absence de « pied ».

 

Effets de la compression

Ils sont multiples, à la fois nerveux, mécaniques, hémodynamiques, thermiques et psychologiques.

Au niveau microcirculatoire, la compression favorise le drainage, lutte contre l’inflammation musculaire et l’œdème interstitiel. Elle favorise l’élimination des toxines du métabolisme musculaire et diminue les douleurs.

Au niveau macro-circulatoire, elle réduit le volume veineux, augmente le fonctionnement valvulaire et la production  de substances fibrinolytiques. Elle accélère la vitesse du retour veineux.

En termes de proprioception, la compression améliore la coordination, l’équilibre et réduit le temps de repositionnement, ce qui s’avère utile dans les sports alliant puissance, concentration et maîtrise de la position du corps dans l’espace.

Elle a aussi des effets mécaniques : elle augmente l’efficacité gestuelle, diminue les oscillations et le recrutement musculaires, et limite la dépense énergétique. Elle joue donc un rôle protecteur contre les blessures musculo-tendineuses.

Elle a un impact sur la thermorégulation (par exemple elle réduit l’évaporation par sudation et augmente la température cutanée et musculaire) mais n’a pas d’effet sur la température centrale.

Elle a sans doute aussi un effet placebo. Mais aucune étude n’a montré qu’elle permet une amélioration significative des performances ni de l’endurance. En revanche, une étude a montré que sur des exercices avec des répétitions, elle permettait de maintenir le niveau moyen de puissance et de minimiser le niveau de fatigue.

 

Conclusion

Il ne nous appartient pas de croire aveuglément les messages marketing destinés à vendre des chaussettes de compression. En termes de performance, le port de chaussettes de compression semble n’avoir aucun effet – sauf peut-être un effet psychologique. Mais il y a des effets bénéfiques démontrés sur la récupération, à condition toutefois de porter les bonnes chaussettes.

 

 

Etude préliminaire des variations de pression sous bandage

Jean-Claude Ferrandez*

 

*Kinésithérapeute. Institut Sainte Catherine, Avignon. Président de l’AKTL.

 

Jean-Claude Ferrandez a présenté les résultats d’une étude préliminaire des pressions sous bandages, réalisée via une modélisation sur cylindre.

Pour rappel, en France, il existe 4 classes de bas de compression, selon la pression de compression mesurée au niveau de la cheville. En pratique, un mollet humain n’étant pas un cylindre parfait de consistance homogène, la pression d’un bandage régi par la loi de Laplace n’est évidemment pas la même à l’avant (sur l’os) ou à l’arrière du mollet, au niveau de la cheville ou juste sous le genou, etc.

Le but de l’étude présentée était de mesurer les réelles pressions appliquées par des bandages de différents montages (bandes inélastique, bandes élastiques, sous couches en mousse.. )

 

Méthodologie

Des cylindres de 3 diamètres différents ont été utilisés : 5 cm, 8 cm et 10 cm.

Un capteur de pression était glissé entre le cylindre et le bandage. On a retenu la valeur moyenne pour 5 répétitions pour chaque bandage.

Bandage réalisé : un bandage spiralé de recouvrement en 3 couches.

 

Résultats observés

Bandage élastiques (Biflex n°16 de 10 cm de large) : sur cylindre dur, chaque couche extensible ajoutée sur la précédente augmente la pression.

Bandage composite avec bandes inélastiques (2 couches) et Biflex (3 couches) : la bande à allongement court « tendu-lissé » applique une pression importante sur le cylindre. La superposition de bandes élastiques augment beaucoup moins la pression que lorsqu’elles appliquées directement sur le cylindre dur.

On peut se demander si la qualité du support sur lequel sont posés les bandages a une influence. En d’autres termes, la consistance de l’œdème modifie-t-elle la pression ? on a donc recouvert d’une mousse épaisse de 2 cm (d’abord une mousse molle, puis une mousse dure) le cylindre de 10 cm de diamètre.

On observe que la pression superficielle est toujours plus élevée si la mousse est dure. En superficie, la 2ecouche de bande posée augmente peu la pression. En superficie et en profondeur, la pression est plus élevée sur mousse dure. Mais une mousse molle répercute mieux la pression en profondeur.

 

Conclusion

Cette expérience montre qu’avec un cylindre incompressible, il est difficile de vérifier la loi de Laplace. Celle-ci est mise en défaut lorsqu’on ajoute sur le cylindre une sous-couche de coton. Et elle varie selon la consistance du support.

Si on transpose cette expérience sur l’homme, sachant qu’un membre est un ensemble composite, à tension identique de bande, il reste à vérifier si les oedèmes durs seraient plus comprimés que les mous. Et sur les oedèmes mous, si les couches de bandes répercutent plus la pression en profondeur ?

 

 

_______________________________

 

 

 

Le congrès du  26 novembre  2016 a réuni  plus  de 220 participants et une 50aine de personnes participant aux stands  des exposants

Ci dessous une partie des échanges entre les orateurs et les participants:

 

 

Thromboses veineuses profondes

Q : Quelle est la place de la chirurgie dans les thromboses veineuses ? Reste-t-il une place pour la pose de clips ou d’ombrelles ?

R : Le clip sur la veine cave et le filtre cave par mise en place d’un ombrell, se pratiquent de moins en moins. Il reste une indication si le traitement anti-coagulant ne peut pas être mis en place. Le filtre peut-être retiré 1 à 2 ans après, mais cela se fait plutôt rapidement pour éviter les risques de thrombose.

 

Q : Que fait-on lorsque le patient se plaint de lourdeur mais pas de douleur ?
R : En cas de problèmes veineux, situé en-dessous de l’aponévrose, il y a distension des tissus et donc douleur

En cas d’œdème situé en dessus de l’aponévrose, le signe du godet et une lourdeur sont présents.

 

Q : Que devient la veine après une TVP ?

R : Il existe une grande inégalité d’évolution entre les patients. Certains patients dans 50% re p
erméabilisent leur veine. Pour les autres, il existe des séquelles à type de fibrose, d’atteinte valvulaire ou de blocage complet. Il est cependant impossible de donner un pronostic d’évolution à J1.

 

Q : En cas de TVP, après combien de temps d’anti-coagulants peut-on faire un drainage ?

R : En phase aïgue, il n’y a pas d’indication de drainage manuel. Après 24 H d’anti-coagulants, le patient peut reprendre une déambulation normale. L’anti-coagulant est actif déjà après 1H1/2. On utiliser la posture en phase aïgue, mais peu le drainage manuel, car on peut risquer une embolie pulmonaire.

Q : En cas de TVP, après combien de temps d’anti-coagulants peut-on faire un drainage ?

R : En phase aïgue, il n’y a pas d’indication de drainage manuel. Après 24 H d’anti-coagulants, le patient peut reprendre une déambulation normale. L’anti-coagulant est actif déjà après 1H1/2. On  utiliser la posture en phase aïgue, mais peu le drainage manuel, car on peut risquer une embolie pulmonaire.

Ce n’est pas l’anticoagulation qui autorise le DM mais l’examen Echo Doppler qui renseigne sur l’adhérence du thrombus. L’anticoagulation qui évite l’extension du caillot, une fois contrôlée et efficace associée à l’Echo Doppler autorise la déambulation.

Les postures déclive des membres inférieurs et la contention compression ( à titre anti œdème et antalgique) , ainsi que les exercices au lit de sollicitation de la pompe musculo veineuse du mollet sont indiqués en phase aigüe.

Le drainage Manuel seulement est indiqué en phase de séquelles de TVP avec œdème persistant, hypodermite ou ulcères de jambe.

Pour info :

Les héparines ont une efficacité thérapeutique en quelques heures.

Les AVK  efficaces dans les 6 à 12h sont suivis par le dosage de l’INR

Les ATCOAG disponibles par voie orale n’ont pas de surveillance biologique .

Dynamique du retour veineux

Q : Que choisir pour faciliter le retour veineux: un posture d’étirement du triceps ou des exercies de dorsi-flexion ?

R : Une posture, c’est statique, mais pas inefficace. Le mieux reste tout de même la marche avec une succession de flexion extension de tibio tarsienne

 

 

Q : Existe-il des interventions sur le thrombus d’une « phlébite »: électrisation? Pontage ?

R : Le traitement chirurgical pour enlever un thrombus est un traitement agressif dont il est difficile évaluer s’il a une d’influence par la suite sur l’insuffisance veineuse.

 

Q : Quels sont les signes d’une TVP ?

R : Il existe des signes unilatéraux : une augmentation de la douleur, mais on observe 50 % de faux-positif à l’écho-doppler. On retient qu’1 TVP sur 2 est asymptomatique

 

 

Apnées du sommeil, rôle de la rééducation veineuse ?

Q : Dans votre étude sur l’apnée du sommeil, est-ce qu’une échelle sur la qualité de vie a été utilisée ?

R : Non, uniquement un questionnaire sur la qualité du sommeil

 

Q : Dans l’idée du Shift fluid (œdème) ayant une responsabilité dans l’apnée du sommeil, quel est l’intérêt des bas de contention ou d’une activité physique ?

R : Si toute les autres méthodes (masque à pression positive, orthèse) sont un échec, c’est une option possible. L’étude montre que certains patients patient s’ont ainsi passés d’un problème sévère à léger d’autres non ( la théorie du shift fluid ne s’applique pas chez eux)

 

Q : Quid d’une intervention manuelle péri-pharyngée ? Manipulation de l’os hyoïde ou drainage ?

R : Il n’y a pas d’étude, mais cela peut-être intéressant, car il y a une augmentation de la pression tissulaire le matin.

 

Q : Est- possible de différencier par un examen simple, si le traitement d’une apnée du sommeil pourrait être une compression ou une simple marche?

R : Cela revient à faire une médecine personnalisée. Voir comment à partir d’un bilan initial, quel traitement proposer. Actuellement nous n’avons pas de réponse mais la médecine évolue dans ce sens

 

Q : Les douleurs dans les jambes sont-elles un signe penchant pour un Shift fluid ?

R : Pas spécifiquement, ce n’est pas caractéristique.

 

: votre étude sur thermalisme, étude sur le retour veineux ou sur l’apnée du sommeil ?

R : On va tester principalement l’amélioration de l’apnée du sommeil, l’amélioration du retour veineux est un aspect secondaire.

 

Q : Diminution du Shift fluid par un sommeil en position semi-assise, quel impact sur l’apnée du sommeil ?

R : Pas d’études, mais dans notre étude, un patient exclu de l’étude pour avoir dormi en position assise a vu son apnée améliorée par diminution de l’effet Shift fluid.

Remarque JCF :pourtant dans cette position, il augmente sa pression veineuse et donc la stase

 

Q : Suffit-il de respirer pour dégonfler ?

R : Il y a une relation en la vitesse à l’écho-doppler et le volume au plétysmographe. Les techniques hypopressives améliorent en effet la vitesse d’écoulement, mais il faudrait voir l’influence sur le volume. Pour l’instant muet.

 

Q : Existe-t-il une étude entre la respiration buccale et la respiration nasale ?

R : pas pour l’instant , mais il serait intéressant de voir si cela influence le volume diaphragmatique et thoracique. Ce qu’on sait : le cœur fatigue en ventilation buccale, il y a donc une influence sur la vitesse de la circulation veineuse et donc une influence sur le débit ou le rythme.

Chaussettes spécifiques de compression chez le sportif

 

Q : , on vient de le voir , le Booster ne prend pas le pied c’est peu utile pour la performance, alors qu’en post-œdème on prend un bas avec le pied. Pourquoi ne pas courir avec un bas ?

R : Dans l’ Ultra-trail, on met un Booster car on peut ainsi utiliser une chaussette normale. Le but du Booster est de diminuer la sensation de fatigue et les oscillations musculaires. Par contre en récupération, on utilise des chaussettes de récupération avec une force dégressive en concordance avec la physiologie.

 

Q : Chaussette dégressive pendant l’effort, oui – non ?

R : Des études ont été faites mais il y a un problème d’hétérogénéité. Toutefois quelque soit le niveau de compression, il n’y a pas d’amélioration significative à l’effort.

 

Q : Qu’en est-il de l’augmentation de chaleur liée au port du Booster ?

R : Si on couvre le corps, on observe une augmentation de la chaleur musculaire mais pas de la température centrale, et cela pour tous les types de compression. Si on augmente la surface, on augmente aussi la chaleur, il peut y avoir des risques de déshydratation.

 

Q : Le booster un produit dopant ? Interdit dans le cyclisme ? Pourquoi les sprinters et les sauteurs portent-ils des boosters sur les membres supérieurs ?

R : Produit dopant, je ne sais pas mais interdit en cyclisme, c’et vrai. Dans le kayak, par exemple, il est utilisé pour maintenir la force musculaire et donc la gestuelle, peut-être le même effet chez les sprinters. Le booster agit sur la proprioception et la fatigue, rendant le mouvement plus efficace mais il n’y a pas d’augmentation de la performance.

 

Q : Quelle recommandation de port d’une compression pour la récupération ?

R : La compression doit se faire le plus tôt possible et être maintenue entre 12 et 48 heures, 24 heures étant un minimum. Il faut voir aussi la tolérance, mais en principe il n’y a pas de contre-indications chez le sportif.

 

Q : dans la maladie veineuse chronique, on ne porte pas de compression la nuit, car allongé la pression veineuse peut être trop faible, pourquoi « oui » chez le sportif ?

R : Chez le sportif, on recherche un effet sur la fatigue et sur les micro-lésions, c’est dans cette optique que l’on porte des bas la nuit.

 

Q : Le booster améliore la proprioception, y-a-t-il eu des études chez les danseurs ?

R : Non

 

Techniques de drainage manuel

Q : En drainage manuel quelle méthode « d’appel effectuer ?

R : Les méthodes d’appel ne se pratiquent plus car elles n’ont pas d’influence sur le volume de l’œdème. Cette observation est largement observée cliniquement et en mesure phléthysmographique. Le drainage manuel (le massage) à distance peut avoir un impact psychologique en cas de douleur (prise en charge du patient) mais pas ou très peu d’effet vasculaire.

 

 

Mesures de pression sous bandages sur modélisation

Q: Les résultats des mesures obtenues par la mise en place de bandages sur des cylindres incompressibles de différents diamètre des tubes, peuvent-ils être comparables à ceux sur les lymphoedèmes ?

R : Nous ne pouvons pas répondre encore. Nous avons d’abord montré les résultats sur une base théorique. Dans une deuxième étape, il faudra observer les résultats sur un sujet sain et ensuite seulement sur un sujet pathologique. La difficulté sera déchiffrer la résistance du l’infiltration de l’œdème.

 

Comparaison de l’efficacité de différents bandages dans le lymphoedème du membre supérieur

Q : Dans l’étude comparant l’efficacité de différents bandages dans les lymphoedèmes après cancer du sein, vous avez utilisé le K-Tape en phase aïgue (3-4 semaines), y-a-t-il une étude K-tape versus manchon (été par exemple, moins chaud)?

R : Non. Il nous a fallu 5 ans pour réaliser cette étude, interrompue de juin à septembre en raison de la chaleur. Il est vrai que le K-tape s’avère plus comfortable mais il est peu efficace sur l’œdème, alors que manchon est efficace sur l’œdème mais moins bien supporté en cas de chaleur. Le mieux je pense pourrait être d’utiliser le bandage adhésif (allongement court) dans ce cas, car il contient et comprime peu.

 

Q : Quelle est la différence entre le bandage multi-couches dit simplifié et le multi-couches dit traditionnel ?

R : Le « simplifié » est un bandage composé d’une bande de coton à faible extensibilité enveloppant le membre recouvert d’une bande d’extensibilité moyenne ( type bande à varices légère exemple Biflex 16) alors que le « traditionnel » est un copié-collé du bandage dit de Földi. Il s’agit alors de l’application d’une bande en coton de protection cutanée, de bandes de gaze pour les doigts, le tout recouvert par bandage en mousse ou de couche de coton sur laquelle on superpose plusieurs couches de bandes à allongement court . Cette technique qui a fait ses preuves peut aisément et heureusement être remplacée dans la majorité par le bandage « simplifié ». D’autant qu’il n’utilise le plus souvent que 2 bandes et s’installe en 3 minutes.

 

Froid et chaleur sur les oedèmes

Q : Cryothérapie corps entier, quelle influence sur l’œdème ?

R : C’est une technique utilisée pour la récupération des sportifs, mais il n’ y a aucune étude sur son efficacité sur l’œdème. Par contre, elle semble être efficace sur les oedèmes inflammatoires.

 

 

Q : Cryothérapie et sport, à quand une chaussette qui diffuse du froid ?

R : C’est une bonne idée mais son efficacité musculaire est amoindrie par la chaleur dégagée à l’effort.

 

 

Q : L’alternance chaud – froid, est-elle une contre-indications pour les oedèmes ? Quelle autorisation ou non pour les patients de l’utilisation du hamman ou du sauna qui sont souvent suivis d’une douche ou un bain froid ?

R : il n’ y a rien de publié depuis 1992 sur son effet sur le lymphoedème. En principe le chaud provoque une vasodilatation, mais la littérature ne tranche pas. Le cancérologue dira plutôt : essayer madame et vous verrez le résultat.

Le résultat de l’alternance chaud –froid ne dure qu’un certain temps, il serait à considérer comme une technique plaisir mais non thérapeutique.

 

Q : Qu’en est-il des huiles essentielles qui ont un effet de froid ?

R : L’effet est ici dû essentiellement au principe d’évaporation qui entraîne une diminution de la température mais l’effet est de courte durée. Elles peuvent être utilisées dans un contexte de bien être et de confort.

 

Q : Différence entre MCS et Urgo K2 ?

R : Urgo K2 est utilisé en usage unique pour le traitement des ulcères veineux.

Drainage manuel et bandages sur les chevaux

 

Q : Chez les chevaux, peut-on remplacer les bandes de repos par des bandages ?

R : Attention à leur durée d’application. On sait que des bandages de repos, mal positionnés, peuvent créer des compressions, un bandage non-élastique change la mécanique et peut entraîner des tendinites, il vaudrait mieux utiliser alors des bandes élastiques.

 

Q : Les chevaux dorment debout et pourtant ils n’ont pas d’œdème.

R : Pour éviter l’œdème, nous savons que le mouvement est essentiel mais pour les chevaux il y a aussi un facteur génétique qui protège.

Q : Ne serait-ce pas leur peau qui est contentive et pas compressive qui empêcherait l’œdème, même en position debout ? Cette observation vaut pour les girafes…

 

 

Une des dernières soirées scientifiques avait pour thème:

« Jambes lourdes ou jambes sans repos? »

L’article publié dans Kinéactualités est disponible ci dessous :

Lire l’article : Jambes-lourdes-ou-jambes-sans-repos

 

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